Tsé faire fuck all…

eyesIllustration fait par moi… j’ai des grosses lèvres quand je m’auto-portraitise…


Samedi avant-midi, j’ai déjeuné, fait ma vaisselle et arrosé mes plantes en leur parlant… Bon qu’est-ce que j’fais ? J’ai du ménage à faire, j’vois d’la poussière sur mes meubles… M’tente pas. Lire ? Non plus. Écrire ? J’t’en panne d’inspiration depuis 6 jours, j’capote, j’sais vraiment pas c’que j’vais écrire… Bon j’pourrais toujours aller louer l’film qu’ça fait longtemps que j’veux écouter… Ça non plus ça m’tente pas.

Fuck it, j’vais aller prendre une marche sur la bande du canal, y fa beau ! Pis, j’me sens rebelle, fuck la brassière, j’en mets pas ! Jeans pour le bas, pyj pour le haut; anyway, avec mon manteau, ça paraît pas… mais moi j’le sais !

Après une heure de marche, j’ai fait l’tour, mais j’ai pas l’goût d’rentrer chez nous. Ça fait que j’m’assoie au soleil sur un banc d’parc en attendant d’trouver quoi faire.

J’t’assis là, les yeux fermés et j’me sens respirer.

C’est la première fois en longtemps que j’fais rien. En fait, j’pas capable de rien faire. Mon cerveau roule toujours à cent mile à l’heure, mes yeux cherchent la curiosité, mes oreilles la mélodie de la parole, mes pieds le rythme… Rien faire. Ayoye !

J’essaie d’pas penser, d’pas réfléchir, de pas m’dire que j’fais rien pour pas angoisser à rien faire. J’me concentre sur les sons.

Les voitures font leur samedi derrière moi. Ah tiens, lui, ses brakes sont finis… L’eau devant moi se fait pousser dans l’cul par le courant et heurte des bébés iceberg au passage. Les corneilles croassent… on dirait des vieilles chipies qui chialent après leur mari… J’entends le coup d’lame des enfants qui patinent un peu plus loin sur le canal. J’sens le soleil me caresser le visage et le vent frôler mes joues pour les rosir.

Je fais rien. Crissement rien. R-I-E-N.

Le téléphone sonne. Texto.

Pas l’mien. C’est celui des pieds là bas qui piétinent sur place depuis tantôt. Une fille dans la trentaine j’dirais… Elle a l’air patiemment impatiente.

Son téléphone re-sonne. Re-texto.

Qu’est-ce qu’elle attend ? Peut-être qu’elle attend quelqu’un…

Re-re-sonne. Re-re-texto.

Peut-être que ça feel pas, qu’elle aurait besoin d’parler à quelqu’un…?

Re-re-re-sonne… Re-re-re-texto… Parenthèse : après combien de texte tu te dois d’appeler la personne à qui tu textes ?! Moi j’dis trois. Ça fini par être vraiment plus rapide et efficace !

Pourquoi j’lui demanderais pas si ça va ? Est-ce que c’est bizarre ? Est-ce que j’suis peut-être l’inconnue à qui elle aurait besoin d’parler ?

Oh elle sourit à quelqu’un qui s’en vient derrière moi. Un homme. C’est peut-être une date. C’est lui qu’elle attendait. Soit il est en retard, soit elle est en avance. D’une manière ou d’une autre, je souris pour ces inconnus.

C’est pas facile rien faire. Les secondes sont longues.

Samedi matin, j’ai prit l’temps de rien faire, j’ai apprécié la vie.

Ma vie.

Merci.

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4 responses to “Tsé faire fuck all…

  1. Love it. J’avais même oublié que ça existe rien faire. Mettre le cerveau à off. Encore une fois, merveilleux texte. Tu nous fais voyager au pays des rêves sur celui là.

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  2. C’est marrant d’lire cet accent t’pique du Quebec… J’ai visité ya une paires d’années en juillet… ‘Vec une chaleur de tonnerre .. Pis j’ai perdu un pari à la bierre et j’ai du enfiler la combinaison d’hiver de moto neige avec le casque pour terminer l’apéritif… On a rit… Il est beau votre pays :-)

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