Mon histoire la plus cool s’est déroulée à l’été de mes 16 ans…
J’ai grandi à LaPrairie, petite ville d’un peu plus de 23 000 habitants coincée entre Candiac et Brossard. Quand t’es un ado à LaPrairie, t’as pas grand chose sur ta liste d’activités à faire…
• Aller flâner au parc et grimper sur les jeux pour enfants
• Aller flâner en face du dépanneur en tétant une grosse slush trop sucrée au nom de « Winchire Wacheur »
• Aller prendre une crème à glace chez Jonathan et te balancer dans les balançoires en bois qui grincent
• Jouer au mini-putt au Cascade Golf
• Recommencer
Une fois qu’t’as fait l’tour, on s’entend que t’as pu grand chose à faire… on a passé notre temps à glander, à marcher dans les rues et à s’tenir debout sur les balançoires du parc.
C’est par un beau soir d’été 2003, fraîchement diplômées du secondaire, presqu’adultes, prêtes à conquérir le monde parce qu’on savait tout, oui tout; que Marie (ma full-plus-meilleure-amie-du-monde) et moi avons décidé de faire quelque chose d’exceptionnel ! Quelque chose de « t’es pas game d’embarquer ! »
Une bataille de ballounes d’eau !
On a callé nos chums, on leur a expliqué le plan d’match, on s’est procuré notre marchandise au fournisseur du coin A.K.A. Couche-Tard, on a déclaré que la guerre opposerait les gars contre les filles (duh !) et on a planifié notre stratégie militaire !
Le quadrilatère était délimité, Marie et moi étions vêtues de noir de la tête au pied, SANS souliers, nus pieds (pour éviter le maximum de bruit qui aurait pu dévoiler notre localisation à nos ennemis) et nous étions armées de nos missiles respectifs.
Le camp qui perdrait était celui qui serait indéniablement le plus trempé des deux.
Il était 2300 heures, la nuit était tombée, les civils étaient en sécurité, barricadés dans leur demeure et nous nous sommes déployés.
Que la bataille commence !!!
Nous courûmes à travers les cours, rien ne fut épargné; nous laissâmes nos traces dans la terre encore chaude qui abrita les tulipes; nous nous cachâmes dans les cèdres; nous grimpâmes les clôtures; rampâmes le sol…
Nous eûmes failli se faire surprendre à plus d’une reprise par des lumières intelligentes munies d’oeil magique, mais notre rapidité les eut vaincues.
Nous reçûmes quelques bombes et nous en livrâmes quelques-unes à notre tour… rien de fatal, en vain.
À 2334 heures, précisément, Marie et moi-même fûmes cachées parmi la végétation, prêtes à se déplacer vers un autre point stratégique. Marie était la leader, elle devait aller sonder les alentours pour voir s’il était sécuritaire de procéder, elle me ferait un signe de la main ensuite pour la suivre à l’extérieur… et c’est à ce moment là qu’un événement se produisit, événement qui restera marqué à jamais dans ma mémoire…
POLICE EN PATROUILLE QUI S’ARRÊTE DEVANT MARIE ET QUI DESCEND SA FENÊTRE : Euh bonjour mademoiselle…
MARIE QUI S’EST RETOURNÉE FACE À FACE AVEC LA VOITURE DE POLICE ET EN CACHANT PAR RÉFLEXE LES BALLOUNES D’EAU DANS SON DOS : Ah ! Salut !
POLICE QUI SE DEMANDE CE QU’ELLE VIENT DE CACHER NON SUBTILEMENT DANS SON DOS : Euh c’est quoi tu fais ? Qu’est-ce que t’as dans les mains ?
MARIE VISIBLEMENT GÊNÉE QUI MONTRE LE CONTENU DE SES MAINS : Haha hummm des ballounes d’eau… Je fais une bataille de d’eau…
POLICE QUI RÊVE DE CALLER MALADE POUR SE JOINDRE À NOUS : Et vous êtes combien à faire la bataille de ballounes d’eau ?
MARIE QUI ME MAUDIT SILENCIEUSEMENT D’ÊTRE ENCORE CACHÉE DANS LES BUISSONS : Quatre…
POLICE QUI S’EFFORCE DE PAS RIRE : Okay, parce qu’on a eu un appel de voisins qui voyaient des jeunes courir dans leur cour et ils s’inquiétaient… N’oubliez pas que le couvre-feu du parc est à 23hrs, j’veux pas vous voir là.
MARIE QUI RÉALISE QUE LA POLICE NOUS LAISSE FAIRE : Oui oui, absolument, aucun problème !
La voiture partit dans la nuit, nous laissant seules à nous-mêmes… Voyant qu’il n’y avait plus de menaces, je partis rejoindre ma partner… en riant…
La bataille a continuée, puis rapidement nous n’avions plus d’armes de guerre ! Puisque notre honneur était en jeu, tout ce qui nous restait était nos jambes. Notre nouvel objectif de guerre : courir en zigzaguant pour faire dévier les missiles de l’ennemi et ainsi, ne pas perdre le combat.
Notre tactique fonctionna puisque le camp ennemi épuisa, lui aussi, ses réserves. Mais, à ma grande surprise, un soldat rival s’était procuré clandestinement une chaudière qu’il remplit d’eau et m’aspergea par surprise dans le dos !
C’est à 16 ans que nous perdîmes la Bataille de Ballounes d’eau sur les plaines du Grand Boisé.
P.S. Avouez que vous planifiez déjà une bataille de ballounes d’eau dans votre quartier !