Petite tranche de vie… Je devais avoir 8 ou 9 ans, on était dans un chic resto de cuisine française, le genre de chic qu’on appelle « fine » avec des napkins en tissus et un gars avec un liteau su’l bras qui vient juste te voir pour te parler de vin. C’te genre de chic là.
Le menu m’disait pas grand chose avec ces termes trop fancy pour mon imaginaire avec la mignonnette de si, l’émulsion de ça, la terrine de l’autre… J’étais perdue. Bref, ma mère m’a suggérer la caille qui était au menu. « C’est comme du poulet ma choucroute (don’t ask, c’est vraiment mon surnom), tu vas aimer ça. » J’suis qui moi pour obstiner ma mère sur les goûts de mes gustatives de 8 (ou 9) ans ? Alors c’est c’que j’ai prit.
Quand l’assiette est arrivée et que j’ai vu ce p’tit oiseau presqu’encore entier, sans sa tête et ses p’tites pattes, tout écartillé sur le dos, déplumé, noyé dans une sauce au côté de patates dauphinoises… mon cœur a explosé ! J’ai pleuré. Pleuré de peine de voir ce petit oiseau dans mon assiette, mort. Juste là pour que j’le mange. Mon frère a donc hérité de mon plat et moi, de pâtes sauce pesto.
Oui dans ma tête d’enfant, je savais que du poulet c’était aussi un oiseau, mais on dirait que pas en même temps. Que du poulet c’était “normal” d’en manger, mais pas un autre oiseau qui n’est pas le poulet que j’connaissais.
Je suis persuadée que si je n’avais pas été “exposé” à manger de la viande dès l’introduction d’aliment solide dans mon p’tit corps de poupon, je n’aurais jamais consciemment choisi de manger un animal.
J’m’explique.
Je trouve que c’est moralement contrôlant de choisir pour son enfant de lui faire manger de la viande sans qu’il soit même conscient de ce que c’est, de ce que ça représente. Manger un animal, ce n’est pas manger des protéines. C’est manger un être vivant. C’est accepter et prendre l’ultime droit de vie sur un être qui a un cœur, une personnalité, des sentiments… Même si c’est pas toi qui l’égorge et l’éventre. Tu l’achètes pareil.
Venez pas me parler que ce n’est pas aussi cruel ici, que les animaux en liberté sont heureux, qu’ils broutent de l’herbe et qu’ils jouent à saute mouton. Get real. Peu importe la vie qu’ils mènent, dans quelles conditions et ce qu’ils mangent, ils sont quand même là dans l’unique et même but : mourrir pour nourrir l’humain.
Les études l’ont largement démontré, prouvé et encore plus, le prochain Guide Alimentaire Canadien change même de cap : la viande n’est pas nécessaire à notre alimentation. Que tu sois sportif, sédentaire, jeune, vieux, femme, homme ou monsieur univers, la viande, t’en n’a pas besoin. Et même encore, tu peux trouver nettement mieux dans une alimentation végétale. Un meilleur apport en vitamines, en protéines, en tout ce que ton corps a besoin pour fonctionner et en plus, tellement plus facile à digérer et à absorber.
Et si on changeait notre façon de faire avec nos enfants. Et si on ne choisissait pas pour eux. Si on leur laissait la décision morale de manger de la viande ou non. C’est pareil comme choisir de ne pas baptiser son enfant pour ne pas lui imposer une religion. Same thing guys. On est né athée tout comme on est né végétalien. Notre job, lui fournir tout ce dont il a besoin pour être en santé, fruits, légumes, variété d’aliments, légumineuses, noix, etc. Ensuite, c’est de l’éduquer, de lui apprendre c’est quoi de la viande, il provient d’où le morceau rouge/brun emballé dans une assiette de styrofoam, le processus de la ferme à l’assiette, sans cacher les faits, without sugar coating it. Que manger du bœuf, du porc, de l’agneau ou du canard, c’est exactement la même chose que manger un chien comme Rex, un chat comme Mitaine ou un hamster du nom de Coco.
Idem pour l’alcool, on attend que nos enfants soient assez vieux pour comprendre les méfaits et les dangers de l’alcool, comment être prudents, pour qu’ils puissent faire des choix éclairer. On leur donne pas des biberons de Whiskey à 1 an. L’alcool n’est pas nécessaire à notre survie (ça dépend d’ton boss, mais bon, s’t’une autre histoire ! haha). Pourquoi est-ce qu’on n’attendrait pas que nos enfants soient en âge de comprendre avant de leur donner un animal mort au bout d’une fourchette ? Tout comme la cigarette aussi. Pensez pas que j’exagère, la cigarette est nuisible pour notre santé, eh bien la viande aussi. Diabète, cholestérol, cancer, surpoids, maladies intestinales, etc. C’est aussi pire que le tabac mais avec un meilleur lobbyisme !
Je sais que le changement fait peur. Je sais que changer des habitudes de vies aussi grandes que son alimentation c’est tout un défi. C’est réapprendre à cuisiner en quelque sorte. Que c’est plus facile de garder ses oeillères et s’dire que c’est pas cruel manger d’la viande, que c’est naturel. Je sais que ça fait peur, mais plus loin que la peur, il y a la satisfaction, la fierté de faire une différence. Une différence d’abord et avant tout pour soi, pour sa santé, celle de ses proches, l’environnement et les animaux.
Ce n’est pas parce qu’on a été élevé d’une telle façon qu’on doit continuer d’éduquer nos enfants de la même façon. (Mom, you did a great job, don’t ever doubt it! I just prefer not killing animals and loving them instead.)
Pensez-y, pourquoi prendre le choix moral pour nos enfants ?